LOVE: le SEXe incompris

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L’univers de Gaspar Noé est connu pour choquer. Il nous avait déjà transporté dans l’horreur du viol avec Irréversible en 2002. Aujourd’hui, il relève un nouveau défi, celui de mettre à nu une passion amoureuse.

Il a réalisé ce film avec des rapports sexuels non-simulés et explicites en 3D, une première !

Aomi Muyock, Karl Gunsman et Klara Kristin (en arrière-plan)
Aomi Muyock, Karl Glunsman et Klara Kristin (en arrière-plan)

Pourquoi LOVE fait-il tant polémique ?

La censure vient d’augmenter l’âge légal pour visionner le film actuellement en salles depuis le 15 juillet 2015. Le film, d’abord interdit aux moins de 16 ans, est maintenant également interdit aux jeunes de 16 et 17 ans !

Le film choque car, tant la femme peut être vue nue à longueur de journée dans les publicités à la télé ou dans les films, le phallus en revanche n’est jamais montré. Dans LOVE, Gaspar Noé respecte le caractère érotique du corps de la femme en recouvrant de leur pilosité d’antan le mont de Vénus des actrices qu’il met en scène. On n’y voit donc pas les lèvres ou quoi que ce soit de l’intimité des actrices, seul le triangle velouté n’est visible. L’homme, lui, est vu dans son intégralité.

Karl Glusman et Aomi Muyock
Karl Glusman et Aomi Muyock

Pornographie ou innocence ?

Même si le film ouvre sur une scène où le couple se masturbe mutuellement jusqu’à l’éjaculation, ce n’est pas un film dans la tradition de la pornographie. À mes yeux, LOVE touche par sa justesse et sa vérité. Dans ce film où les personnages d’une vingtaine d’années vivent une passion amoureuse, on y voit les méandres d’une telle relation. Pourquoi est-ce que les rapports sexuels entre personnes consentantes ne seraient-ils pas tolérés, alors que la violence l’est ?!

En effet, qui dit passion, dit sexe. Mais ce que le film démontre, c’est la complexité de l’amour dans son interprétation. Le personnage principal, Murphy joué par Karl Glusman, ne comprend rien à la pureté d’Electra (Aomi Muyock). Il ne voit que sa volupté et sa sensualité, et l’exploite ; alors qu’elle, ne recherche que l’authenticité de l’amour. Cette authenticité se retrouve dans sa manière de faire l’amour. Elle vit les choses passionnément et pleinement, sans faux-semblants, et avec force. Lui, ne voyant pas qui elle est en essence, ne se fit qu’à son pouvoir sexuel, son apparence. Sa liberté, sa force intérieure qui l’a conquis dès le début, le dépasse et l’intimide. Il essaye de la réduire car il se sent inférieur. Il a peur et la culpabilise.

LOVE, n’est pas un film pornographique. C’est un chef d’œuvre qui démontre qu’en amour, si l’on ne se comprend pas et on ne se respecte pas, le sexe s’en trouve changé. Là où Electra souhaitait lui faire du bien et tout partager avec lui, Murphy l’a trompée, bafouée, puis insultée. Il ne s’est pas rendu compte de la portée de ses mots. Pour une personne aussi sensible qu’elle, il l’a touchée en plein cœur, lequel elle lui avait fait l’énorme privilège de le lui donner.

Une vérité plus choquante que le prétexte des rapports sexuels explicites ?

LOVE, c’est une mise au grand jour de ce qui se produit bien trop souvent dans la réalité. La beauté de ce film réside dans la justesse des sentiments décrits. J’espère que la vérité qui fait mal, réveille ceux qui restent endormis dans leur vie sentimentale, trop occupés par leur nombril. Que le monde s’ouvre au monde pour y voir la beauté et la chérir !

Contrairement à Irréversible pour lequel certaines critiques avaient reproché de laisser flotter l’ambiguïté du point de vue de l’auteur – on insinuait que Gaspar Noé cautionne le viol. LOVE, montre clairement que Murphy est un loser. Mais comme le réalisateur l’a dit lui-même dans un entretien pour le magasine Trois Couleurs, le monde à l’écran : « Mais tous les personnages de mes films sont des losers, c’est aussi ce qui les rend touchant ».

LOVE n’a pas été fait pour provoquer, il dépeint des personnages complexes presque à la manière d’un documentaire. L’histoire est un triangle amoureux où chacun se trouve perdu à sa manière. Le sexe y est doux, c’est leurs conflits internes qui amènent de la violence. La violence n’est que sous-jacente et verbale. Electra est plus blessée par l’énergie qui se crée entre eux et par le manque d’honnêteté de Murphy. Le sexe montré dans ce film aurait dû être plus beau si Murphy n’avait pas été aussi égoïste et avait respecté Electra dans ses sentiments. Même si on y voit du sexe, l’excitation est coupée, car le spectateur pressent déjà la tragédie de leur histoire. Son amour à elle était juste, sincère et les mots n’étaient qu’authenticité. Lui, ne pouvant pas faire face à ses propres faiblesses, préférait la salir pour justifier ses propres actions. Elle s’est perdue dans cette relation toxique où il l’a tirée dans les bas-fonds, et où elle s’est laissée perdre – sa raison de vivre dissipée.

La leçon est peut-être d’oser être honnête en toute circonstance ; ainsi donc, oser quitter une situation toxique, oser se respecter, etc. Or, pour cela, il faut savoir s’aimer. Et Omi (jouée par Klara Kristin), ne sait même pas ce que c’est que l’amour, comme sa venue au monde était déjà un accident. Et Electra, a de toute évidence manqué d’amour avec des parents distants et religieux, et a développé en conséquence, un schéma d’amour qui l’a poussée vers des hommes qui ne la respectaient pas plus qu’elle ne se respectait.

Il semblerait que la vie est ainsi faite pour nous donner des leçons. Les leçons peuvent être dures, mais c’est pour nous faire réagir. Si l’on comprend vite, les choses cessent de se répéter. Mais si l’on ne tire pas de conclusion et que l’on ne change pas nos modes d’action, les choses ne cesseront de se répéter crescendo. Alors, réveillons-nous et apprenons de ce film, afin que ce qu’il s’y passe ne se reproduise plus !

© Text by Nancy for OUAStylist

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